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12 au 28 mai 2016 - Comme l'or noir - Camille Aurière
" Entre ce qui a disparu, ce qui tend à être tu et ce qui perdure.
Entre mémoire de la Terre et mémoire des Hommes: un projet autour des mines de potasse d‘Alsace. "
Épuisée.
Comme toutes les richesses minéralogiques celle-ci n’était pas immortelle.
Lentement les hommes ont puisé les ressources de la Terre, tout comme épuisé les mineurs
suant au travail, exposés à des températures géothermiques plus élevées que la normale.
Des hommes sous terre remontaient à la surface de la matière datant
d’il y a des millions d’années. Doucement nous avons laissé du vide là où résidait la matière.
Là où circulaient les bruits des machines, des pioches, les voix des mineurs,
court désormais le silence.
EXPOSITION
du 13.05 au 28.05.2016
VERNISSAGE en présence des artistes
jeudi 12.05 à 18h
Exposition réalisée en partenariat avec l’Association Kalivie.
https://www.facebook.com/events/1715641382040442/
http://www.camilleauriere.com/
Ouverte de mardi au samedi, de 15h à 19h - Entrée libre
Au Syndicat Potentiel, 13 rue des couples Á Strasbourg
T. +33 0(3) 88 37 08 72
Le Syndicat Potentiel reçoit le soutien de la Ville de Strasbourg, du Ministère de la Culture - DRAC Alsace, et du Conseil Général du Bas-Rhin.
Il est membre de Versant Est (Réseau Art contemporain en Alsace) et de la FRAAP (Fédération des Réseaux et Associations d’Artistes Plasticiens)
« Comme l'or noir »,
Un projet autour des mines de Potasse d’Alsace, Camille Aurière
Installation, photographies.
En tant qu’artiste plasticienne c’est tout d’abord la potasse qui m’a interpellée. Je m'intéressais au sel en tant que matière première, je m'intéressais à la notion de surface. Je n’ai toutefois pas pu rester sourde aux témoignages des mineurs.
Mon projet s’est alors conçu en résonance avec les rencontres que j’ai pu faire lors de mes venues au Musée de la Mine de Joseph-Else: il est nourri par l’atmosphère du jour de permanence de la petite équipe de membres actifs, par leurs témoignages, tout comme par des documents d’archives consultés à l’Institut National d’Audiovisuel.
Temps géologique et temps humain se sont rapprochés durant 100 ans. Plus exactement on parle de la mémoire de la Terre et de la mémoire des hommes. Désormais elles sont indissociables, l’une permettant à l’autre de continuer à vivre. Du temps de son exploitation la potasse « était une vraie richesse comme l’or noir » déclare Pierre Fischer, ancien mineur. Elle était transportée à travers le monde. Le bassin potassique était connu de tous, ce qui représenta un grand pas pour l’économie de la région. Aujourd’hui l’univers minier disparaît.
Toutefois, il y a encore des gens qui viennent du monde entier pour rendre visite à l’un des derniers sites du monde minier, le Musée Kalivie, et rencontrer les anciens mineurs. Faire perdurer la mémoire dans le futur, voilà le but principal de ces derniers.
Entre ce qui a disparu, ce qui tend à être tu, ce qui perdure, entre mémoire de la Terre et mémoire des Hommes, j’ai vu peu à peu les fils se recouper et le projet d'exposition « Comme l'or noir... » est né. Il s’agit de véhiculer la mémoire de la matière et des hommes autrement, par le sensible et l’interprétation artistique.
Au Syndicat Potentiel l'exposition met en parallèle ces deux approches : un premier temps s'articule autour de la question du territoire. Le bassin potassique a subi de nombreuses transformations paysagères durant l'exploitation de la mine. De nouvelles infrastructures sont apparues, de nouvelles collines ont commencé à s'élever jusqu'à ce que l'on ferme les mines et que l'on démantèle la majeure partie de ces exploitations. Photographies, témoignages, images d'archives viendront alors parler de cette transition paysagère. Une deuxième partie plus intime représentant la mémoire des hommes et liée à la participation de 8 membres de l’association Kalivie. J’ai tout d’abord interviewé chacun d’entre eux afin de connaître leur histoire personnelle mais aussi dans le but de comprendre l’univers qu’était la mine. J’ai par la suite demandé à chacun d’eux qu’ils me prêtent un morceau de potasse qu’ils conservaient précieusement chez eux. C’est au final tout ce qui leur reste de cet univers disparu, auquel eux-mêmes n’ont plus accès. C’est une preuve en surface de ce qui se passait sous nos pieds.
Présentés à hauteur d’homme, ces morceaux sont semblables à des flotteurs : ceux-là même qui marquent la surface de l’eau, ceux-là même qui font le lien entre monde sous-marin et monde terrien. Parfois des tiges sont vides, manque relatif à l’absence de témoignage, au début de l’oubli. De temps à autre retentit le son de la cage : les pierres ont été ramené des tréfonds de la Terre il ne faut pas l’oublier...
Des textes sont également à la disposition du spectateur et à emporter avec soi. Chaque texte a été écrit par un mineur. Il s’agit d’un mot au sujet du bout de potasse prêté: mot que j’invite le spectateur à prendre avec lui, à emporter d’où sa forme de carte postale.
Je voulais que ce travail dans son ensemble témoigne d’une certaine fragilité, celle de la mémoire, mémoire chère aux derniers mineurs.