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Syndicat Potentiel Strasbourg

Lieu de création, de rencontres et d'expériences artistiques

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08 au 24 sept 2016 - Détails cosmiques - Agnès Thuin

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Pour son exposition de rentrée Syndicat Potentiel invite la plasticienne Agnès Thuin. Diplômée de la Haute école des arts du Rhin en 1985 (peinture) et 1986 (art), lauréate d'un prix du CEAAC en 1990, ses réalisations - certaines acquise par le CNAP - ne dépassent pas la taille de quelques microns et ne sont pas visible à l'oeil nu, seuls des agrandissements photographiques en donnent une image.


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EXPOSITION
du 09.09 au 24.09.2016

VERNISSAGE
jeudi 08.09 à 18h

https://www.facebook.com/events/1147538038653541/


Pétition de soutien :
https://www.change.org/p/les-partenaires-et-les-soutiens-du-syndicat-potentiel-strasbourg-sauvons-le-syndicat-potentiel-0083b89e-cc2d-425e-83de-1d897825d402

Faire un don :
https://www.helloasso.com/associations/syndicat-potentiel-association-le-faubourg/collectes/donner-en-ligne

Au Syndicat Potentiel, 13 rue des couples Á Strasbourg
T. +33 0(3) 88 37 08 72





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Agnès THUIN
mail: ag.thuin@laposte.net

Après avoir travaillé l’espace de la peinture dans un corps à corps avec la matière picturale jusque dans les années 1990 un mouvement inverse s’est opéré vers l’infiniment petit jusqu’à sa presque disparition dans les failles de la pierre
Aujourd’hui, je propose une vision du corps de la peinture dans seulement une goutte de sa matière, couleur sang dans laquelle rejaillira la chair d’un corps et son regard, invisibles dans sa réalité et proposant un visible par les photos.
En parallèle, j’anime des ateliers d’arts plastiques à la maison d’arrêt de Strasbourg depuis 2006, et également au centre de détention d’Oermingen.


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Diplômes
1985 : DNSEP/ Peinture (Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique section Peinture) à la Haute école des arts du Rhin
1986 : DNSEP/ Art à la Haute école des arts du Rhin

Prix :
1990 Prix du Conseil Général du Haut-Rhin - CEAAC
2012 Grand prix de la 11ème Biennale Internationale d’Art Miniature, Ville-Marie Canada

Acquisition :
1989 : Fonds National d’Art Contemporain, collection CNAP

Expositions individuelles
1986 Galerie du Faisan - Strasbourg
1988 Maillon – Strasbourg
1989 «Têtes mortes», Galerie Finnegan’s, Strasbourg
1985/1988/2002/2003/2006 ateliers ouverts

Expositions collectives
1984 TJP - Strasbourg
1988 Nouvelles Impressions de Strasbourg - Palais du Rhin
1988 Junge Kunst im Elsass, château de Schramberg, Allemagne
1989 Sommet Européen, Palais des Congrès – Strasbourg
1989 « La lumière de Vincent », Ancienne Laiterie, Strasbourg
1990 CNAP exposition rue Berryer, acquisition 1989 FNAC, Paris
1990 Sélest’Art – Commissariat : Pietro Sparta
1991 Festival International de la Peinture – Cagnes/Mer
1992 Révolution de Palais - Palais du Rhin – Strasbourg
1999 Tout Lézard – Chambre de Commerce – Strasbourg
2002 Start –CEAAC
2002 Bestiaire – L’Escalier – Brumath
2007 Exposition franco-allemande « le camp d’Arts », Obermodern
2008 Les Taffeles avec « l'Art au delà du Regard », Ingersheim
2009 Les Masques, cave Jean Geiler,
2010 10ème Biennale Internationale d’Art Miniature, salle Augustin Chénier, Canada
2010 Parlement d’Ottawa, CANADA
2010 Musée d’ Art Contemporain Latino-Américain de la Plata Argentine
2012 11ème Biennale Internationale d’Art Miniature, Ville-Marie Canada
2014 12ème Biennale Internationale d’Art Miniature, Ville-Marie Canada
2016 12ème Biennale Internationale d’Art Miniature, Ville-Marie Canada


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Selon le mot d’Héraclite « la nature aime à se cacher ». Comme elle, c’est le geste pictural d’Agnès Thuin qui se cache dans les plis d’un éclat de pierre, dans la fracture d’un caillou, ramassés ici ou là par des amis. A l’origine, il y a ce don, cette circulation des cailloux du monde, bouts de terre lointaine voyageant de sacs à dos en soutes d’avion. Ce premier geste n’est pas d’exposition, mais d’amicale attention. La pierre offerte. « Ce sont mes amis, dit-elle, qui me les offrent au retour de voyage ».
On les imagine, ces amis, se baissant au soleil du soir. Ils auront choisi couleur et forme selon l’attrait et la lumière du moment : quelques stries colorées, un bel ovale poli ou même un coquillage marin pétrifié ; toutefois, rien à voir avec ces pierres - paysages qui semblent déjà mimer l’art du peintre, ces minéraux où nous projetons notre imaginaire, là où Roger Caillois voyait une « poétique des roches ». Rien à voir dans ces fragments pierreux, sinon la matière dense, fermée, obscure. Aucune grammaire, serait-elle mystique, n’y est lisible. Il n’y a, mais ce n’est pas visible, que l’échange amical qui les a conduit là.
Sans doute ex posés les uns à côté des autres, avec cet air de collection, sont-ils propices à la rêverie. On peut imaginer leur provenance, non les paysages qu’ils sont mais ceux d’où ils auront pu être arrachés, ces chemins foulés par des cohortes de marcheurs avides d’images du monde qui aujourd’hui nous parviennent à chaque instant. Y-eut-il jamais société plus abreuvée d’images ?
A celui qui porte son regard sur ces cailloux, Agnès Thuin propose de s’en tenir à l’âpre résistance de la pierre, de s’aveugler à toute image pour en retrouver l’entame première, le tracé, le trait.
Il faut y mettre du sien, en faire le tour jusqu’à trouver dans l’échancrure d’une faille, dans une saillie à peine sensible, un point de rupture, minuscule excroissance qui, par sa forme ou sa couleur, attire l’attention. La miniature éloigne le plus proche. Ce qui s’annonce là, il nous faut le chercher, pénétrer la roche. Commence alors une approche de spéléologue comme s’il nous fallait découvrir, à petite échelle, pour chacun de nous, ce que fut la révélation de l’art pariétal aux débuts de l’humanité, ce geste artistique premier à même la paroi rocheuse apparaissant dans un éclat de lumière au fond de la grotte. Et ce qui se découvre ici n’est ni une main, ni un animal, mais à chaque fois un visage, humain sans doute, mais à peine, comme le furent les titans, divinités chtoniennes des grecs, des visages si peu apaisés, crispés de douleur, défigurés, au bord du cri ou de la parole. Silence angoissé. Agnès dit qu’elle les peint avec un cil, dans un geste compulsif, à l’aveugle. Son geste est lui-même un cri sourd, une pulsion qui prend forme dans la grotte obscure. A peine un geste, un tremblement du cil sous une larme qui se révèle un portrait.
Tout ici semble nous ramener à la naissance de l’art dont Walter Benjamin nous dit qu’il se fit sous le signe de l’aura qui recueille à la fois les valeurs d’authenticité et de culte et que Benjamin définit comme « une singulière trame d’espace et de temps : l’unique apparition d’un lointain si proche soit-il » (1). Au delà de la prouesse technique, la miniature ne pourrait-elle pas se présenter, en tant que procédé d’éloignement, comme une tentative de restitution de l’aura (et donc de la dimension religieuse, rituelle) perdue dans la proximité acquise avec les œuvres ? Dans les miniatures d’Agnès, l’œuvre reste cachée , le travail sur la pierre rappelle l’art pariétal et ce qui se découvre finalement dans l’échancrure du caillou est quand même une face humaine dont Benjamin nous dit (à propos des anciennes photographies) qu’en elle l’aura se retire « dans un ultime retranchement » . Ce ne seraient là que nostalgie et mélancolie mêlées : derniers feux de l’art crypté dans la grotte miniature. Une cache pour résister, une oubliette aussi.
Et pourtant nous allons trop vite, il y a tout autre chose. Car nous oublions le chemin parcouru, la méthode. Il y faut précisément la photographie, c’est-à dire la technique. Sans microscope, l’œil reste aveugle. Et la photographie restitue avec précision les différents stades de l’agrandissement : une lente pénétration dans la matière. Cela peut sans doute valoir comme symbole violent de notre rapport à la nature. La pierre déflorée. Mais il y aussi la pierre magnifiée. Ici, chaque moment de l’approche, chaque cliché célèbre avant tout la texture et les variations de couleur de la roche comme si l’on s’enfonçait lentement dans un magma originel de plus en plus intense et tremblant : un mouvement, une gestation que seule la photographie restitue. Il y a l’apparition des veines et des nerfs, il y a le gluant des humeurs et l’éclat de la chair; un tissu vivant se fait jour et de ce placenta on voit surgir la tête d’un fœtus immémorial : le titan est un enfant et son cri est de victoire, celui du corps animé surgi de la matière. Le chemin est celui d’une libération. C’est à la naissance du cosmos et de la vie que nous assistons où le plus petit rejoint le plus grand.
On a retenu de Benjamin que l’exposition des œuvres et le développement des techniques de reproduction (dont la photographie) détruisent l’aura et émancipent l’art du rituel comme s’il s’agissait là seulement d’une perte, mais c’est aussi la possibilité par la technique d’un tout autre rapport à la nature. La technologie qui pénètre dans la nature ne cherche plus à l’asservir, mais à y déceler des réalités nouvelles, des « mouvements inconnus » que nous n’avons jamais vus. Avec ses agrandissements, ses accélérations et ses rapetissements, la caméra substitue à « un espace consciemment exploré par l’homme, un espace qu’il a inconsciemment pénétré ». La technologie « nous initie à l’inconscient optique comme la psychanalyse à l’inconscient pulsionnel ». Entre l’homme et la nature s’établit alors un jeu et à sa manière Agnès Thuin y joue. Touchant à peine l’infime parcelle de roche sous le battement aveugle d’un cil, elle rend le caillou au mouvement de l’univers. Don contre don. Rendre ce qui a été donné Et ce qui s’y joue d’inconscient se dit en silence.



Francis Fischer

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